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L'art du clip spécial femmes

Publié le 6 janvier 2023
Des artistes féminines qui rendent hommage, dénoncent, s'engagent, assument, revendiquent

Le clip est un art. Acte promotionnel d’un morceau c’est vrai, il devient parfois une œuvre d’art à part entière que l’on peut prendre plaisir à découvrir indépendamment, voire en dépit, du morceau qui l’habille. Nos discothécaires ont fouillé le web et leur mémoire pour vous présenter tous les mois 3 clips à découvrir ou redécouvrir.

Le 8 mars c'était la journée des droits des femmes. C'est toujours une mauvaise nouvelle quand vous avez votre journée au calendrier. Il n'y a pas de journée pour les gens pour qui tout roule. Si la recherche pour le cancer n'avait pas besoin d'argent elle n'aurait pas sa journée, si aucun pays n'était en guerre il n'y aurait pas une journée de la paix. Si les gens s'aimaient assez il n'y aurait pas une journée du câlin. Bon par contre, il y a une journée du pop-corn, là on ne se l'explique pas.

Si à travers le monde, il n'y avait plus de femmes, battues, violées, vendues, excisées, mariées de force, humiliées alors ce serait tous les jours leurs journées. En attendant la disparition du 8 mars, L'art du clip célèbre 40 artistes féminines : Mylène Farmer et son statut d'icône avant-gardiste, Clara Luciani qui met à l'honneur la sororité et un collectif de 39 artistes qui chantent pour que les femmes se lèvent.

 

Le pionnier : Libertine, Mylène Farmer

Lorsqu’on parle de clip, impossible de ne pas évoquer celle qui, la première, va révolutionner le genre en France. Celle qui va le rendre incontournable. Celle qui dès le début de sa carrière va proposer pour chacune de ses chansons de véritables œuvres d’art cinématographiques, qui créeront à chaque fois l’événement.  Vous avez certainement deviné, il s’agit de Mylène Farmer. 
Dans les années 80, les clips du Top 50 se ressemblent un peu tous. On se contentait surtout d’y montrer les artistes en train de chanter, avec des effets visuels plus ou moins réussis. Des vidéos réalisées avec un minimum de moyens, et il faut bien l’admettre, un minimum d’inspiration !
Et puis en 1986, c’est le choc. Encouragés par l’initiative d’artistes internationaux comme Michael JacksonThriller » est sorti trois ans auparavant, voir L'art du clip de février), Mylène Farmer. et son complice Laurent Boutonnat, compositeur et réalisateur, débarquent avec le somptueux clip de « Libertine ». Un clip à gros budget, long de plus de 10 minutes, en format cinémascope, avec un scénario, une mise en scène, des décors soignés dans un vrai château, des acteurs en costume, un générique de début, un générique de fin… En somme, un véritable petit film, qui s’offre devant les yeux ébahis de toute une génération. Pour un.e artiste français.e, c’est du jamais vu. Diffusé à la télé dans une version raccourcie, le clip fait immédiatement sensation, aidé en cela par un léger parfum de scandale puisque Mylène, jouant le rôle principal, y apparaît dénudée. Et là encore, pour l’époque, c’est du jamais vu !
Très inspiré par les ambiances du film « Barry Lyndon » de Kubrick, l’histoire se situe au XVIIIe siècle, et débute par un duel au pistolet entre un homme et une jeune femme androgyne. Elle ouvre le feu et tue son adversaire, puis s’enfuit sous le regard fou de rage et de désir de vengeance de l’amante du défunt. De l’amour, des corps, du sang, des larmes, des morts… le style Mylène Farmer est né. « Libertine » devient le premier tube de sa carrière, et fait de la chanteuse aux cheveux roux et au catogan une figure incontournable du paysage musical français. Le clip, lui, rentre dans l’histoire et ouvre la voie aux autres artistes de l’hexagone. Chose inédite encore, il aura même droit à une suite trois ans plus tard, avec le cultissime « Pourvu qu’elles soient douces », dans lequel on retrouvera le personnage de Libertine. Un clip grandiose de 17 minutes, au budget pharaonique, qui va lui aussi considérablement marquer les esprits et son époque. A tel point que Mylène Farmer. est aujourd’hui encore, et à juste titre, considérée comme la reine du vidéo clip.

 

 

Le petit nouveau : ma soeur, Clara luciani

Le titre du dernier morceau de Clara Luciani n’est pas trompeur. Il s’agit bien d’un hommage à sa sœur Léa. Une belle déclaration d’amour pour son aînée, elle aussi musicienne (sous le nom de Ehla). Dans le clip réalisé par Brice VDH et Simon Vanrie, on les voit toutes les deux telles qu’on les devine dans la vie : très proches, très complices, et prêtes à tout l’une pour l’autre. 
Mais ce clip va au-delà du témoignage d’affection familiale. Grace à des vieilles images d’archive montrant des femmes de tous âges partageant des moments de complicité, de soutien et de joie, la chanson prend un sens nouveau et devient plus largement un éloge de la sororité. « Ma sœur » n’évoque plus seulement la sœur de sang, mais toutes les sœurs : les sœurs de cœur, les sœurs d’âmes, les sœurs d’armes ; et en fin de compte, toutes les femmes. La chanteuse ne s’est donc pas seulement entourée de Léa, mais également d’autres invitées, quelques-unes de ses sœurs « imaginaires et rêvées » : Émilie Crambes, Lisa Boostani, la mannequin Caroline de Maigret, la chanteuse du duo Mauvais Œil Sarah Benabdallah, ou encore la célèbre écrivaine et journaliste Sophie Fontanel.
En 2018, avec La grenade, Clara Luciani composait sans le vouloir un futur hymne féministe. Les paroles, très fortes, sont devenues de véritables slogans, scandés lors de manifestations ou affichés sur les murs. Aujourd’hui, grâce à cet hymne pour toutes les sœurs, « celles avec qui on est liées par le sang et celles que plus tard on se choisit », elle met une fois encore les femmes à l’honneur et célèbre avec classe la solidarité féminine. Un beau message qui fait du bien, tant il est plutôt de coutume, depuis la nuit des temps, d’opposer les femmes entre elles et de les dresser les unes contre les autres. Alors merci à Clara pour ce petit rappel loin d’être anodin : les femmes ne sont pas des rivales, mais des alliées !

L'original : Debout les femmes, Collectifs de 39 femmes

Un brouhaha, des voix qui parlent, rient, puis un chant qui s'élèvent :

Nous qui sommes sans passé les femmes

Nous qui n'avons pas d'histoire

Depuis la nuit des temps, les femmes

Nous sommes le continent noir

Debout femmes esclaves

Et brisons nos entraves

Debout, debout, debout

Asservies, humiliées les femmes 

Achetées vendues violées

Rien n'aurait pu mieux porter cet hymne du MLF que de voir ces 39 artistes travailler, rire, parler, sourire, s'embrasser, s'épauler, créer, être, tout simplement. Les unes aux côtés des autres, emmenées par les Brigittes, le clip les montre en train d'enregistrer, en toute sobriété. Il y a des morceaux qui n'ont besoin que de peu d'artifice pour déployer une force qui vous attrape aux tripes et vous fait dresser les poils des bras. Repris à l'occasion de la grande marche contre les violences sexistes et sexuelles du 24 novembre 2018 au profit de la Maison des femmes de Saint-Denis (centre d'accueil de victimes de violences et de femmes vulnérables), c'est cette version que nous vous proposons de découvrir.

C'est en mars 1971, dans l'appartement parisien de Monique Wittig, figure emblématique du féminisme que naît l'hymne du MLF (Mouvement de Libération des Femmes). Ce chant improvisé reprend l'air du chant des marais, lui-même, adaptation française d'un chant composé par des déportés allemand en 33. Ce qui, au départ ne devait servir qu'à une marche quelques jours plus tard outre son statut d'hymne est régulièrement repris dans des contextes forts variables. On le retrouve ainsi dans le film "La belle saison" comme dans un stade de foot à l'occasion de la coupe du monde de foot féminine en juin 2019.

Nous voulions vous en citer quelques-unes mais il nous semble qu'elles méritent toutes de vous être dévoilées : 

Mayra Andrade - Jennifer Ayache - Nawel Ben Kraiem - Blondino - Brigitte - Karen BrunonBuridane - Amina Cadelli - Barbara Carlotti - Chat - Les Coquettes - Anaïs Croze - Camille Faure -Alma Forrer - Zaza Fournier - Élodie Frégé - HollySiz - Agnes Jaoui - Mai Lan - Clara Luciani - Luciole - Madjo - Carole Masseport - Inna Modja - Sandra Nkaké - Ornette - Lili Poe - Pomme - Barbara Pravi - Olivia Ruiz - La Grande Sophie - Elisa Tovati - Calypso Valois - Diane Villanueva - Cléa Vincent - Julie Zenatti

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